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[Rubrique du #Consologue] Le #récessionniste, une réalité durablement implantée dans le paysage français

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Une grande enquête du Secours Catholique en 2017 (ce n'est pas d'ajourd'hui) nous avait déjà alertés sur l'ampleur du phénomème. La nouvelle pauvreté progresse en France de manière très significative. Le baromètre 2022 Promise Consulting | Panel On The Web sur les nouveaux comportements de consommation des foyers français en fait foi : au sein des Conso'battants, les récessionnistes n'ont jamais été aussi nombreux. Pour 29% des Français, dépenser c'est désormais et avant tout compter ! (+4 points versus 2015).

Or une des grandes particularités de la nouvelle pauvreté, c'est qu'elle ne se remarque pas, se fond dans le paysage. Nous sommes ici en présence de personnes exerçant une activité professionnelle plus souvent qu'on ne le croît, mais qui ne leur permet pas de subvenir aux besoins de leur foyer. Nous sommes également en présence de personnes disposant d'un logement stable, mais qui reflète les maux de nos quartiers : insécurité, insalubrité, exiguïté, vétusté, etc. Les enfants sont certes scolarisés mais le retard scolaire ne cesse de se creuser en raison des difficultés de concilier soutien scolaire au sein du foyer et précarité économique. Enfin, l'absence de perspective est bien souvent le seul horizon des nouveaux pauvres.

Les témoignages recueillis dans le cadre de notre grande enquête qualitative et quantitative sont éloquents et montrent la difficulté d'appréhender par les seuls indicateurs statistiques cette nouvelle forme de déclassement social : "Je suis née en 1975, et l'éducation « anxiogène », que j'ai reçue, fait que pour moi, cela fait 50 ans que c'est la crise. La grande différence, c'est dans le mode de consommation et la définition des petits plaisirs que nous nous offrons. Les derniers en date : s'acheter quelques vrais vêtements de belle qualité que nous porterons le plus longtemps possible, changer de matelas pour ne plus avoir mal au dos et être plus en forme, manger 1 fois par semaine de la vraie bonne viande rouge. Rien d'exceptionnel donc. Mais sûrement pas la dernière console de jeu, écran plat ou ordinateur dernière génération" (Femme, 39 ans). 

Nous sommes donc ici au-delà bien sûr du seuil de pauvreté défini par l'Insee (rappelons qu'en France est qualifié de "pauvre" un ménage dont le niveau de vie médian est inférieur de 60% à celui du niveau de vie médian des ménages français ; il n'existe donc pas en France de pauvreté absolue mais un seuil de pauvreté relative dont l'évolution dépend en partie de l'évolution générale des revenus et du niveau de vie). Mais nous sommes en présence d'une frange importante de la population qui subit un fort déclassement économique et social.

Le récessionniste français ne saurait se réduire au seul profil d'une personne économiquement contrainte. Il s'agit en réalité d'une attitude ou d'un comportement qui peuvent être parfois imposés par des contraintes économiques (baisse des revenus, chômage, etc.). Mais c'est le plus souvent l'anticipation de difficultés à venir (peur du chômage, crainte d'une stagnation ou d'une baisse de son pouvoir d'achat, crainte plus générale pour l'avenir, le sien et celui de ses proches, etc.) ou bien encore l'influence d'un climat morose ou délétère qui amènent les individus à adopter cette posture économique, quand bien même leur situation économique présente ne le justifierait pas entièrement. A cet égard, notre enquête révèle des Français plus pessimistes pour leur pays (+10 points versus 2015) mais toujours combattifs lorsqu'il s'agit de leur situation personnelle ou de celle de leurs proches.

Philippe JOURDAN, associé fondateur Promise Consulting | Panel On The Web - La Rubrique du Consologue, Linkedin

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