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    [#CONSOLAB] [PARFUMS] | « Les #matières #premières et les #idées sont les deux voies d’#innovation en #parfumerie » Maurice Roucel, Symrise | @PREMIUMBEAUTYNEWS

    DE KRISTEL MILET | PREMIUM BEAUTY NEWS | http://bit.ly/2s6C2I9

    « Les #matières #premières et les #idées sont les deux voies d’#innovation en #parfumerie » Maurice Roucel, Symrise 

    Le monde de la parfumerie lui doit un impressionnant palmarès de chefs d’œuvre olfactifs, tant pour les grandes Maisons qu’en parfumerie alternative. Maurice Roucel, parfumeur chez Symrise, a commencé sa carrière en 1973 et figure aujourd’hui parmi les plus grands créateurs contemporains, maintes fois récompensé par l’industrie. Premium Beauty News a souhaité faire partager sa vision du métier, du marché et de l’innovation.

    Premium Beauty News - Quelle est votre définition du métier de parfumeur ? 

    Maurice Roucel - C’est un acte de création. Comme un peintre mélange des couleurs ou un musicien des notes, nous mélangeons des odeurs. Un acte qui engendre une œuvre, en fonction de la capacité créative de chacun, de l’inspiration et d’une certaine technique. Comme dans beaucoup de domaines, il faut apprendre la technique mais la créativité ça ne s’apprend pas, on l’a ou on l’a pas.

    Premium Beauty News - Est ce que ce métier a évolué ces dernières années, notamment au niveau technique ?

    Maurice Roucel - C’est un métier qui évolue en permanence. De manière générale, chaque nouvelle matière première, qu’elle soit synthétique ou naturelle peut engendrer une nouvelle forme de création. Techniquement, il existe de plus en plus de molécules synthétiques qui sont la clé de nouvelles fragrances.

    Le métier de parfumeur a évolué également en fonction des comportements sociaux. Par exemple, la parfumerie masculine, plutôt orientée sur des notes boisées auparavant, s’est aujourd’hui énormément libérée, avec des notes gourmandes, fruitées. Nous allons de plus en plus sur un style genderless, même pour les féminins. Ce qui était valable à une époque sur un pays ne l’est plus 30 ans après sur un même pays ou un même continent. La mouvance sociale impacte sur la parfumerie, les choses ne sont pas figées.

    Premium Beauty News - Comment peut innover en parfumerie aujourd’hui ?

    Maurice Roucel - On peut innover de deux manières, si on a des idées, et les matières premières qui permettent d’exprimer ces idées. Historiquement, la France n’aimait pas trop les notes fruitées, gourmandes. Le parfum Angel est arrivé par une nouvelle molécule et a révolutionné le marché. C’est cela l’innovation. Les gens sont aussi plus ouverts. Les parfumeurs peuvent donc mieux s’exprimer notamment grâce à la niche.

    Matières, premières, idées, innovation, parfumerie

    Premium Beauty News - C’est ce qui explique le succès de la niche face à une parfumerie traditionnelle en perte de croissance ?

    Maurice Roucel - Pour expliquer le ralentissement, il faut voir avant tout le nombre de lancements par année. Lorsque j’ai commencé en 73, il y avait 20 lancements par an, aujourd’hui c’est 1700 à 2000, avec du bon et du mauvais. C’est vrai que la parfumerie s’est démocratisée, que toutes les grandes marques sont descendues dans la rue avec une multitude de parfums. Ce ne sont pas nécessairement de mauvais parfums, la qualité des matières premières est souvent toujours là, mais la qualité créative n’est plus la même.

    Ce qui est paradoxal, c’est que les grands groupes rachètent à prix d’or des marques de niches alors qu’elles font des dizaines de millions avec leurs propres marques. Je pense que ces grandes sociétés ont du mal à développer la création et se tournent du coup vers des marques alternatives.

    Premium Beauty News - Pour quel type de parfumerie préférez-vous travailler ?

    Maurice Roucel - Je préfère travailler avec des créateurs, des gens qui sont habités. C’est comme une partie de tennis, on prend du plaisir quand on a quelqu’un en face qui sait renvoyer la balle. L’acte de création en parfumerie est un échange. Pour un parfumeur c’est plus intéressant de travailler avec ces gens qui ont cette liberté. Ce n’est pas une spécificité de la parfumerie de niche. À l’époque où je travaillais avec Sylvaine Delacourte pour Guerlain, c’était comme ça.

    Premium Beauty News - Vous avez passé plusieurs années au Brésil pour Symrise, est ce que c’est un pays intéressant en termes de matières premières pour la parfumerie ?

    Maurice Roucel - C’est un pays en devenir où il y a un fort potentiel, mais pour le moment ce n’est pas encore un grand producteur d’ingrédients pour la parfumerie. Il y a beaucoup de fruits mais peu de plantes à parfum.

    Premium Beauty News - Que dire du rapport au parfum des brésiliens ?

    Maurice Roucel - Le Brésil est le plus gros consommateur de parfum au monde, tant en tonnage qu’en valeur. Ce sont des latins, ils aiment se parfumer, c’est un geste naturel. Les brésiliens adorent les parfums puissants, capiteux, qui ont du sillage et qui sont longlasting. Ils aiment les fragrances très présentes.