DE SIMON CHODORGE | L'USINE DIGITALE | http://bit.ly/2Bc3xBX
#Lunchr s’attaque à l’#oligopole du #titre-restaurant
Lunchr, connue au départ comme une application de commande de repas, a révélé le 17 janvier 2017 ses véritables intentions : infiltrer l'oligopole des émetteurs des titres-restaurant et dématérialiser ces fameux chèques distribués par les entreprises. Un marché pas si restreint puisqu'il pèse 6 milliards d'euros. La start-up passe du B2C à la fintech B2B avec sa solution qui s'inspire des néobanques.
Lunchr sort de sa chrysalide. L’application de commande de repas a annoncé le mercredi 17 janvier 2017 le lancement d’une nouvelle solution pour dématérialiser les titres-restaurant. Un changement de dimension pour la start-up française qui se définit désormais comme une fintech B2B.
UNE INTERFACE INSPIRÉE DES NÉOBANQUES
Basée à Montpellier, Lunchr propose aux salariés une carte de paiement qui permet de numériser les titres-restaurant. Sur le site ou l’application de Lunchr, les employés peuvent gérer le solde de leur carte et commander des déjeuners en ligne dans l’un des 500 restaurants partenaires situés à Paris ou Montpellier. Une interface inspirée des néobanques.
Auparavant, les utilisateurs ne pouvaient commander que dans l’un des 500 restaurants partenaires. Désormais, la carte distribuée par Lunchr est compatible dans plus de 180 000 établissements français : tous les restaurants, boulangeries et supermarchés français du réseau Mastercard.
Sur la plateforme, les employés peuvent effectuer des commandes en groupe et payer chacun de leur côté. Plus ils sont nombreux, plus ils bénéficient de réductions. La carte sera disponible dès le 1er février 2018 mais une centaine d’entreprises participent déjà au pré-lancement de la solution.
UNE STRATÉGIE “ÉCRAN DE FUMÉE”
Début 2017, à son lancement, Lunchr avait réalisé une levée de fonds de 2,5 millions d’euros auprès de Daphni, la société de capital-risque pilotée par Marie Ekeland. La start-up se présentait alors publiquement comme un simple outil pour pré-commander et payer des repas en ligne.
Comment expliquer ce changement de modèle ? Lorsqu’on demande s’il s’agit d’un pivotage, le fondateur de Lunchr, Loïc Soubeyrand, assure à L’Usine Digitale qu’il menait une stratégie "écran de fumée" pour réunir un maximum d’utilisateurs avant de démarrer les choses sérieuses : "Cela fait un an qu’on prépare la bataille. On ne voulait surtout pas officialiser ce positionnement tant que nous n’étions pas prêt sur notre solution digitale et au risque que les concurrents réagissent et nous copient."
UN MARCHÉ DE PRÈS DE 6 MILLIARDS D’EUROS
En 2015, la valeur des titres-restaurant émis frôlait les 6 milliards d’euros selon la Commission Nationale des Titres-Restaurant (CNTR). Ces titres profiteraient par ailleurs à 3,5 millions de salariés. Malgré tout, les émetteurs affiliés à la CNTR sont à peine une dizaine. "On s’attaque à un marché qui vient de fêter ses cinquante ans et qui est un oligopole tenu par quatre acteurs : Edenred, Chèque-déjeuner, Natixis et Sodexo", décrit Loïc Soubeyrand.
Alors que la très grande majorité des titres est encore en papier, Lunchr compte bien infiltrer l’oligopole grâce à sa solution digitale. L’entreprise base son business model sur des commissions liées à l’utilisation de sa carte. L’employeur doit par exemple payer jusqu’à un euro pour chaque recharge de carte par un salarié. Pour les restaurants, une commission de 3 % est appliquée pour les paiements effectués avec la carte. Elle est de 5 % si la commande est passée via l’application.
Lunchr loue les avantages de cet outil pour les entreprises : il simplifie la gestion des titres-restaurant et évite les abus. La carte est en effet bloquée le dimanche et les jours fériés. Elle rend également impossible les achats de produits non-alimentaires.
UN OBJECTIF DE 30 MILLIONS D’EUROS DE CHIFFRE D’AFFAIRES POUR 2018
Aujourd’hui, Lunchr regroupe une équipe de 20 personnes réparties entre Paris et Montpellier. "On a fait le choix d’entrée de jeu de recruter une équipe extrêmement senior et autonome où on retrouve des profils qui ont toujours travaillé dans des contextes d’hypercroissance. Je pense au directeur marketing de Deliveroo, au directeur grands comptes de Facebook ou à deux commerciaux de Groupon”, détaille Loïc Soubeyrand. D’autres viennent de start-up de la foodtech comme Frichti, feu Take Eat Easy ou Foodora.
A terme, le fondateur aimerait développer un pôle opérationnel à Paris et garder le pôle technique et innovation à Montpellier. Pour 2018, la jeune pousse espère atteindre 50 000 collaborateurs et réaliser un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. Au premier semestre de cette année, Lunchr pourrait également annoncer une nouvelle levée de fonds.